Interactions humains-chimpanzés sauvages : stratégies adaptatives et conséquences sanitaires

Projet
Relation Homme - Nature
Afrique
Appel à projets 2012

Porteur du projet : Sabrina KRIEF - UMR7206

Co-porteur du projet : Emmanuelle POUYDEBAT - UMR7179

Etudiante recrutée : Marie CIBOT

Période & durée du projet : 2012 – 2015 (36 mois)

Présentation du projet : 

Au nord du parc national de Kibale en Ouganda, la forêt de Sebitoli est soumise à une forte pression anthropique. Ce travail vise à étudier les effets de certaines activités humaines sur la santé des chimpanzés sauvages vivant dans cette zone (mutilations induites par les pièges et zoonoses) et de décrire les possibles compensations mises en place par les chimpanzés.

Résultats espérés :

Alors que l’habitat des chimpanzés de Sebitoli est fortement dégradé et entouré d’activités humaines, la densité de chimpanzés est étonnement élevée même si des mutilations fortement invalidantes résultant du piégeage sont observées. Ce contexte peut nous permettre de mettre en évidence des compensations inédites, fonctionnelles ou sociales, induites par la proximité avec les humains. Par ailleurs, des recommandations pourront être proposées pour une meilleure gestion de la zone d’interface, de façon à limiter le conflit homme-faune sauvage et la transmission de pathogènes.

Particularités du projet :

Les menaces qui pèsent sur les grands singes sont multiples et les chimpanzés, frugivores et territoriaux, sont généralement considérés comme fortement perturbés par la fragmentation de l’habitat. Cependant, leurs capacités cognitives mises en évidence lors du façonnage et de l’utilisation d’outils ou de comportements culturels pour des tâches extractives et alimentaires mais aussi lors d’activités sociales, la collaboration observée au cours des chasses ou des patrouilles territoriales montrent qu’ils sont capables de faire preuve de flexibilité comportementale et d’innovation. Le site de Sebitoli, bien que faisant partie d’une aire protégée, combine plusieurs menaces, les interactions chimpanzés-humains sont conflictuelles et leurs conséquences sont graves. Près de 40 % des chimpanzés suivis présentent des mutilations des membres dues au piégeage. Les villageois vivant aux abords du parc posent des pièges destinés au petit gibier et les chimpanzés se font capturés dans ces collets en câbles métalliques. Aujourd’hui, certains chimpanzés ont des doigts paralysés, manquants ou des segments entiers de membres avec absence de mobilité ou amputés (pied, main, avant-bras). Grace à la collaboration entre deux UMR du Muséum ayant des expertises complémentaires, l’objectif de ce projet est d’évaluer les compensations fonctionnelles que les chimpanzés mettent en place lors de la locomotion ou de l’alimentation. Pour compléter les observations menées en milieu naturel, Marie Cibot va conduire des expériences avec des sujets humains au Muséum afin de mieux décrire l’effet de certaines mutilations sur la saisie de fruits ou de branches et le grimper en les simulant (moignons, absence de pouce, poignet en crochet). Cette évaluation fonctionnelle de la sévérité des atteintes pourra permettre de mettre en évidence les lésions les plus invalidantes en fonction des tâches et de mieux interpréter les comportements observés en milieu naturel.

En savoir plus : Exposition Sur la piste des Grands Singes au Muséum