Porteur du projet : Guillaume LECOINTRE - UMR7205
Co-porteur du projet : UMR7206 - Pierre DARLU
UMR associées : UMR7206 - Evelyne HEYER
Etudiante recrutée : Marie FISLER
Période & durée du projet : Mars à septembre 2014 - 7 mois
Le sujet s’intéresse à l’histoire de la notion d’arbre du vivant. En Histoire des Sciences comme en Biologie, on crée des catégories : évolutionnistes ou fixistes d’un côté, grenouilles ou insectes de l’autre. Or, si les méthodes utilisées en biologie pour créer des groupes suivant le principe « qui partage quoi d’original avec qui ? » sont aujourd’hui rigoureusement établies, cela n’est pas encore le cas en histoire des sciences. Il s’agit donc d’adapter ces méthodes pour classer plus de quatre siècles et demie d’images d’arbres du vivant. Cela aboutit in fine à un arbre des arbres du vivant qui permet de catégoriser plus finement leurs auteurs.
Un premier résultat est la réalisation d’un arbre des arbres par l’utilisation de matrices de caractères et reconstruction par parcimonie informatisée. Ce résultat obtenu, nous réusiliserons le jeu de données afin d’obtenir un réseau des partages, figure qui prend en compte le « mélange » des idées au sein des auteurs. Enfin, nous espérons pouvoir analyser ce jeu de données suivant la méthodologie de l’analyse à trois éléments. Des catégories nouvelles seront découvertes.
La catégorisation des idées permet d’y voir plus clair dans les groupes que nous faisons. Par exemple, en biologie, lorsque l’on regroupe des espèces suivant une méthodologie stricte et non-plus en fonction de ce qui se ressemble extérieurement, l’on peut s’attendre à ce que certains groupes traditionnels puissent disparaître. Ainsi, on ne peut plus aujourd’hui parler de « poissons », de « reptiles » ou d› « invertébrés ». En effet, ces entités ne représentent qu’une partie seulement des espèces regroupées : les poissons, par exemple, sont tous les vertébrés sauf ceux à quatre pattes. Et ce sauf est refusé par l’ensemble de nos méthodes.
En histoire des idées, cela peut permettre de voir si des écoles de pensées existent réellement ou si elles se basent sur un de ces « sauf ». Cela peut par exemple permettre de comprendre sous un jour nouveau les grands débats qui ont pu avoir lieu dans l’histoire des idées, ou déterminer si un auteur donné a pu varier au cours de sa carrière. Enfin, cette méthode, si elle montre qu’elle est effectivement applicable aux champs qui ne relèvent pas de la biologie, ouvre de grands horizons pour la classification de nombreux domaines du savoir.
Fisler, M ; Lecointre, G. Categorizing Ideas about Trees: A Tree of Trees. Plos One, août 2013. DOI: 10.1371/journal.pone.0068814
Fisler, M., Crémière, C., Lecointre, G. « Qu’est-ce qu’un arbre des idées ? Explicitation des notions d’arbre et de phylogénie et histoire des représentations de l’arbre », in. Apparenter la pensée ? Vers une phylogénie des concepts savants, sous la direction de Pascal Charbonnat, Mahé Ben Hamed et Guillaume Lecointre. 2014. Éditions Matériologiques. ISBN : 978-2-919694-56-3