Le LabEx BCDiv

Biodiversité et société

Produit d’une très longue évolution, la biodiversité est source d’énergie et de molécules valorisable dans l’industrie, y compris médicale, mais aussi de loisirs et d’enrichissement moral et intellectuel. L’érosion de la biodiversité qui s’accélère depuis plusieurs décennies partout dans le monde, sur terre comme dans les océans, pèse donc comme une menace majeure sur les populations humaines, leur bien-être et leur avenir.

Cette érosion résulte de l’interaction complexe entre des dynamiques biologiques encore mal connues et les activités et comportements complexes des sociétés et de chacun des individus qui les composent. Ces comportements humains sont souvent vus comme des causes de dégradation de l’environnement et de la biodiversité. Mais leur infinie diversité, dans l’espace et le temps, est aussi une source d’idées permettant d’inventer de nouveaux modes de vie moins destructeurs. De s’acheminer vers un développement durable.

Pour ralentir ou, mieux, stopper l’érosion de la biodiversité et inaugurer une ère de développement durable, on ne peut en aucun cas se limiter à mieux la connaître et en comprendre les dynamiques propres. Il est impérieux, dans le même temps, de recenser et de comprendre la diversité des comportements des sociétés humaines vis-à-vis de la diversité biologique. Cette façon d’envisager les choses de façon globale s’impose de plus en plus nettement aux scientifiques comme aux décideurs et aux citoyens.

 

Le projet de BCDiv

C’est dans cet esprit que le projet BCDiv a été conçu. Il vise à mettre les compétences interdisciplinaires réunies au Muséum national d’histoire naturelle au service d’une meilleure connaissance et d’une meilleure compréhension des diversités biologiques et culturelles et de leurs interactions complexes. Il tire son originalité et sa force :

  • de sa pluridisciplinarité, étendue de la chimie environnementale, à l’écologie, à la systématique, aux sciences de l’évolution et à l’anthropologie biologique, culturelle ou historique ; et de son expérience dans la collaboration interdisciplinaire ;

  • de son expertise unique dans la description et la comparaison des objets et des patrons de diversité naturelle ou culturelle ;

  • de sa capacité à envisager les phénomènes à différentes échelles de temps, depuis celle des ères géologiques jusqu’à celle des dernières décennies, en passant par celle de l’évolution des hominidés ou des grandes étapes de l’histoire récente de nos sociétés ;

  • des immenses collections et bases de données du Muséum, sources d’information sans cesse renouvelées par de nouveaux spécimens collectés lors des missions d’inventaires, et par l’acquisition de nouveaux équipements analytiques de pointe ;

  • du contact direct qu’il établit entre les laboratoires de recherche de renommée internationale et toute une gamme de publics, depuis les étudiants de Master ou de thèse qui y achèvent leur formation jusqu’aux amateurs éclairés des associations naturalistes, au public des conférences, aux visiteurs des galeries d’exposition ou aux simples promeneurs traversant le Jardin des Plantes.

 

Un « Laboratoire d’excellence » (LabEx)

Le projet BCDiv a été soutenu d’entrée par six Institutions nationales, le Muséum et le CNRS, partenaires communs à toutes les unités de recherche impliquées dans BCDiv, mais aussi l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC), l’Institut Recherche et Développement (IRD), l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) et l’Université Paris Diderot (« Paris 7 »).

Il a été soumis à l’appel « Laboratoire d’Excellence » (LabEx) lancé en 2011 par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche dans le cadre du programme « Investissements d’Avenir ». Ce dernier est destiné « à doter la France de 5 à 10 initiatives d’excellence capables de rivaliser avec les meilleures universités du monde ».

Il a été évalué par un jury international et retenu parmi les 100 projets financés dès 2011.

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un « super-laboratoire », mais d’un projet partagé par 10 laboratoires qui gardent par ailleurs leurs spécificités et poursuivent leurs objectifs propres.

 

Des objectifs opérationnels

Dans le domaine opérationnel, BCDiv vise à :

  • Soutenir les récents progrès de la recherche scientifique, de la valorisation et de l’enseignement et de la formation enregistrés au Muséum national d’Histoire naturelle, afin de renforcer son efficacité collective au service de la société et sa position internationale dominante dans son champ d’expertise.

  • Développer les qualités propres aux laboratoires du Muséum : taxonomie et systématique, sciences de la conservation, anthropologie environnementale, approches historiques sur la longue durée, toutes fondées sur des collections irremplaçables et sur des systèmes uniques de bases de données d’inventaires et de suivi.

  • Stimuler la convergence des savoirs techniques et des expertises disciplinaires réunis dans les UMR (Unités Mixtes de Recherche) du Muséum et de l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS déjà impliquées dans ces recherches.

  • Créer les conditions d’une réflexion et d’une construction conceptuelle communes aux différentes unités de recherche partenaires du projet.

 

Des moyens d’action

Réunissant les compétences de 487 scientifiques et administratifs, BCDiv bénéficie d’un budget annuel de 760 000 € par an jusqu’en 2019, géré par le CNRS. Le principal avantage de ce budget est qu’il peut faire l’objet d’une programmation pluriannuelle sur la longue durée, ce qui offre une grande souplesse de fonctionnement, particulièrement adaptée à la recherche scientifique et à ses inévitables aléas.

BCDiv apporte son soutien à la jouvence et à l’entretien des équipements collectifs de haute technologie et recrute des ingénieurs spécialisés pour renforcer les équipes en charge du fonctionnement de ces équipements. Il contribue également à l’élaboration d’indicateurs de biodiversité à l’usage des décideurs, au développement d’enseignements de Master spécialisés et d’une plate-forme de e-learning, à l’exploitation des bases de données de biodiversité gérées par le Muséum et ses partenaires, à la publication des inventaires par les Editions Scientifiques du Muséum.

Tous les ans, au début de l’été, BCDiv lance une série d’appels à projets au sein des unités partenaires du LabEx. Ils concernent :

  • Des allocations doctorales (3 en 2012, 3 en 2013, 5 en 2014 ; 3 seront mises au concours pour 2015)
  • Des financements post-doctoraux de 1 à 2 ans (2 en 2012, 3 en 2013, 5 en 2014 ; 4 sont mises au concours pour 2015)
  • Des gratifications de stages de Master 2 (6 chaque année)
  • Des missions d’inventaire et de suivi de la biodiversité ou d’inventaire des comportements culturels
  • Des aides à la publication des résultats des recherches financées par le LabEx

Les projets soumis aux appels à projets annuels sont examinés, notés et classés par un conseil scientifique composé de 13 personnalités scientifiques de renommée internationale, travaillant toutes dans des laboratoires extérieurs au Muséum, afin de réduire les conflits d’intérêt. Un comité de pilotage composé des directeurs d’unités de BCDiv et des Directeurs des services concernés du Muséum et du CNRS retient pour financement les projets les mieux classés par le conseil scientifique.

 

Des axes de recherche prioritaires

BCDiv organise son activité de recherche selon trois grands axes qu’il explore tant du point de vue des patrons que de celui des processus :

  • La diversité de l’homme et des comportements de ses sociétés envers la biodiversité, ainsi que les processus à l’origine de ces diversités
  • Les patrons de la diversité biologique, de l’organe aux communautés et aux écosystèmes, et le processus de naissance et de régulation naturelle de cette diversité
  • La diversité et la complexité des interactions entre les systèmes biologiques et socio-culturels, analysée à travers la construction de la « niche anthropique », grâce la quantification de la sensibilité et de la résilience des différentes composantes du système dans une grande diversité de situations, et grâce à différents systèmes de modélisation

BCDiv explore ces trois domaines sur la durée de l’histoire de la Planète, à différentes échelles de temps, des origines de la biodiversité protérozoïques aux grandes crises de diversité paléontologique, et de la diversification originelle des cultures à l’impact de la néolithisation ou de l’industrialisation.

 

Une insertion dans l’IdEx « SUPER »

En 2012, suite au second appel à projets lancés par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le cadre des « Investissements d’Avenir », l’Initiative d’Excellence (IdEx) « Sorbonne Universités à Paris pour l’Enseignement et la Recherche » (SUPER), porté par le PRES « Sorbonne Universités », a été créé à son tour. Le Muséum, le CNRS, l’UPMC et l’IRD étant partenaires du PRES et de l’IdEx, le LabEx BCDiv est devenu tout naturellement un des 15 LabEx portés par SUPER.

Ce dispositif offre la possibilité à BCDiv de dialoguer de façon privilégiée avec les autres LabEx de SUPER, et d’orienter sa politique scientifique en complémentarité des appels à projets inter-organismes qui sont lancés par l’IdEx. Ce fut notamment le cas avec le premier appel à projets de recherche de SUPER, intitulé « Convergences : Société et Environnement », avec plusieurs projets de chaires thématiques et avec le projet « Opérations structurantes » proposé à propos du nouveau Musée de l’Homme.

 

Un démarrage rapide et productif

Dès l’annonce du Ministère, BCDiv a organisé sa réunion de lancement qui s’est tenue le 9 septembre 2011. Au premier appel à projets lancé à l’issue de cette réunion, la communauté scientifique visée s’est fortement mobilisée, soumettant un total de 45 propositions. Dix-huit d’entre elles ont été financées dès le début de l’année 2012, entraînant le recrutement de 5 jeunes chercheurs et de 3 ingénieurs.

Les appels à projets pour 2013 et 2014 ont connu le même succès, avec respectivement 35 et 40 soumissions de projets.

En septembre 2014, BCDiv aura financé un total de 21 contrats (6 doctorats, 5 post-docs, 2 professeurs invités, 8 ingénieurs), ainsi que 15 grandes missions collectives de terrain. Il aura pratiquement achevé son programme de jouvence des équipements collectifs, pour un montant total de 707 000 €.